jeudi 29 avril 2010

LOCOS Y SALSA


Sur les bords de l'Adour, de blanc et rouge vêtue,
Joyeusement, vers les arènes, avance la foule des opportunistes.
Aficionados d'un jour, voyageurs et touristes,
Peu émotionnés par l'absence des toreros du cru.
Chemise Sorteo, string Paseo, peu importe les toros,
Au soir du dernier jour, tous chanteront Vino Griego.
78 % d'abonnés, combien de vrais passionnés ?
78 % d'abonnés, combien de locaux sans billets ?
A l'entrée du parc, dans sa noblesse figée, embiste le toro.
Au bord de l'Adour, que ne seraient-ils devenus locos ?

lundi 26 avril 2010

LA BEAUTE RUSTIQUE

Posé à quelques mètres de la plaza "La Misericordia" de Saragosse, la palais Aljaferia est de ces édifices à la beauté rustique dont la seule contemplation donne du plaisir.
S'il est un animal offrant des sensations identiques, c'est bien le toro de combat et plus particulièrement celui d'origine Pablo Romero (qu'on nomme désormais, Partido de Resina).
Sorti en deuxième position lors de la corrida-concours de la mini féria de San Jorge, proposée traditionnellement dans la capitale Aragonaise, le représentant de cet élevage avait cette beauté qu'on appellera trapio pour rester taurin. Présent dans les trois tiers, avec une corne droite compliquée qui fut améliorée, après quelques séries gauchères, par un Rafaelillo toujours aussi énorme de sincérité dans son toréo volontaire, il méritait, selon moi, le prix du meilleur toro. Sa noblesse rustique car ni naïve, ni facile, ni longue comme un jour sans toro lui a été fatale. La palme ira à un Ana Romero dont la noblesse, sans défauts mais tellement prévisible, a supplanté une bravoure peu mise en évidence. Une corrida-concours est sensée récompenser un toro complet car présent tout au long de la lidia et dont la présentation est irréprochable. Le Pablo Romero n'a pas gagné.
Resteront dans notre mémoire son trapio et son comportement. Un toro à la beauté rustique.

lundi 19 avril 2010

UN SACRE SAVON

Sur les bords de la route nationale qui mène à Pau et, par delà les Pyrénées, vers les terres Aragonaises, le toro dous Biarnes (à ne pas confondre avec son cousin andalou, le toro d’Osborne !!) indique « TOROS EN GARLIN ».L’affiche n’était pas mensongère. Toros il y eu !! Plus exactement, des novillos, car d’une novillada, il s’agissait.

Un mesclun des deux fers de Jose Miguel Arroyo Delgado « Joselito ». Soit, le fer « 4 » pour la ganaderia La Reina (celle des bêtes marquées d’un numéro pair) et le fer « 8 » pour la ganaderia El Tajo (celle des numéros impairs). Une origine commune pour les deux, Domecq-Nunez.

Sorti en quatrième position, le n° 7 d’El Tajo portait la robe jabonera de ses ancêtres Veragua, dont il reste une infime trace dans quelques élevages d’encaste Domecq.
Le novillo couleur savon a répondu présent dans les trois tiers. Après deux piques où il s’est employé en poussant franchement la cavalerie (même si le fer a été rapidement retiré), il ne s’en laissa pas compter aux banderilles et alla a mas tout au long de ses rencontres avec la muleta. Partant promptement et au galop, en réponse à chaque cite lointain.
Lors d’un combat de boxe, il aurait été déclaré vainqueur aux points. Et c’est très justement qu’une vuelta posthume vint récompenser sa grande noblesse encastée.

Les novillos sortis en deuxième et sixième position offraient eux-aussi des possibilités, dans leur charge longue et allègre (avec quelques complications pour celui sorti en deux).
Face à ce bétail, Thomas Dufau, Juan del Alamo, Diego Silveti, trois novilleros figuritas qui, peut être, s’imaginaient déjà acheter la finca, l’élevage qui va avec et … marier la fille de l’éleveur !!

Il vous reste, jeunes gens, un long chemin à parcourir avant que d’y parvenir. Pour le raccourcir, essayez de ne point passer à côté des novillos de qualité…

Miguel de Burdeos

jeudi 15 avril 2010

NOUVELLE STAR

En écoutant quelques jeunes gens interpréter, avec plus ou moins de réussite, des chansons qui, si le peuple le désire, les rendront célèbres, riches et beaux, j’imaginais ces jeux Romains, lors desquels le public décidait de la vie ou de la mort de ceux qui oeuvraient en piste. En cette époque, il n’y avait pas que les taureaux qui succombaient …

Je ne me permettrai pas d’influer sur l’éventuelle carrière de ces apprenti-stars à la « beaugossitude » tellement affirmée qu’elle en arrive à occulter tout ou partie de leur talent naissant.
Quelque part, ils m’ont rappelés certains de ceux qui s’habillent de lumière pour rechercher, eux aussi, gloire, argent et plus ….si possible !!
Bien sûr, le risque n’est pas le même, toutefois, certaines des attitudes, superficielles et peu sincères sont, elles, bien semblables.
Entre l’être et le paraître. Entre le faire et le faire croire.
Heureusement, d’autres options existent.

C’est pourquoi, pour la nouvelle star (taurine) 2010, je vote :

- Rafael Rubio « Rafaelillo », guerrier de la tribu des grands guerriers

- Alberto Aguilar, lutin débordant de sincérité

- Jose Miguel Perez « Joselillo », l’honnêteté con cojones

- Mario Alcalde, novillero débutant, protégé de Frascuelo, qui sait mettre la jambe en avant.

Ces quatre-là ont un point commun. Un indice ? Cherchez du côté du Canigou.

Miguel de Burdeos

mardi 6 avril 2010

DE GIMEAUX A FONTVIEILLE

En ce jeudi de Pâques, dans la placita de Gimeaux, trois apprentis toreros avaient rendez-vous avec trois erales de chez Giraud, Turquay et Cyril Colombeau. On retiendra la planta torera du nîmois Alejandro Rubio, la verdeur de ses deux compagnons arlésiens Fabien Sanchez et Bastien Colhou, mais surtout la présentation et la caste du novillo de chez Turquay. Du bétail qu’on aimerait voir en piquée.

La matinée du lundi Pascal accueillait, à Fontvieille, la traditionnelle tienta du club taurin arlésien « La Muleta ». Quatre vaches Santacolomenas des frères Granier pour Morenito de Nîmes, Swan Soto, Marc Serrano, Daniel Giani, aficionado practico, et des élèves des écoles taurines de Nîmes et Arles. A la pique : Fritero. La caste des Santa Coloma a demandé un gros effort aux piétons confirmés et a posé des problèmes souvent insolubles aux moins aguerris d’entre eux. La jeune et jolie arlésienne Dorine quittera le ruedo grimaçant sous la douleur d’une cornada de quelques centimètres. Heureusement, sans gravité.

Entre ces deux journées, s’est déroulée la féria d’Arles. On en retiendra du bon et du moins bon !!! En vrac :

- la médiocrité homogène du lot de Domingo Hernandez (et non Garcigrande comme annoncé, à tort, un peu partout. Même si propriétaire et origine du bétail sont identiques, il a été lidié des Domingo Hernandez).

- l’alternative de Marco Leal à son premier toro et …… sa despedida !! à son second.

- la vuelta excessive (frisant le ridicule) du novillo de Blohorn qui, après avoir été très actif au premier tercio, a été a menos lors du troisième (Rappel : la vrai bravoure va croissante au fil du combat, le reste n’est qu’ « attrape-couillon »). Un bon novillo, sans plus.

- la douceur et le temple des muletazos de Thomas Joubert.

- la sincérité du toreo de Juan del Alamo.

- le manque de caste lors de la corrida-concours.

- le trapio du Prieto de la Cal et du Flor de Jara.

- les espérances déçues du lot d’Ana Romero.

- le triomphe en trompe l’œil de Roman Perez.

- les faenas de bûcheron de Padilla.

- le « surprenant » public arlésien qui demande des oreilles pour l’illusionniste Roman Perez et siffle le lidiador Rafaelillo.

- des Miuras très Miura. Certains « spécialistes » nous disaient qu’ils s’adoucissaient ; demandez à Rafaelillo ce qu’il en pense …..

Et le dernier toro de la féria est entré en piste. Propriété de Lorenzo Fraile, portant le fer et les couleurs du Puerto de San Lorenzo, il renversa la cavalerie à la première rencontre et si la deuxième fut très légère, on devinait derrière la charge franche et énergique de l’Atanasio qu’il pouvait, enfin, se passer quelque chose.

Et Matias Tejela a pris sa muleta et a toréé. Avec dominio, poder, ligazon, temple. Sans à aucun instant se faire accrocher le leurre. L’étoffe flirtant avec l’animal dans un ballet que même le mistral semblait s’être arrêté pour apprécier. Quelque peu querencioso, le bicho n’en repartait pas moins au combat quand son partenaire l’y invitait.

Et surgirent des naturelles à la profondeur à peine imaginée. De celles qui commenceraient à Gimeaux pour s’achever à Fontvieille…

Miguel de Burdeos

Photo : la placita de Gimeaux